Bestiaire
Un jour le petit Ramiro me demanda de lui faire un portrait avec son petit coq. Fier comme Artaban, il posa les deux mains tendues, me montrant l’animal. J’ai regardé le coq qui semblait s’interroger sur sa situation, il était beau, avait fière allure.
J’ai immédiatement réalisé que le rapport entre l’homme et l’animal allait m’intéresser. Appelé la plupart du temps pour photographier des hommes, l’animal est un être vivant avec qui le rapport de communication est tout autre. Ainsi j’ai décidé de réaliser un « Bestiaire », pour aller à la rencontre des animaux de la ferme. Citadin depuis toujours, l’approche de l’animal générait confusion des sentiments. Commençant par les vaches, dociles, j’ai rapidement acquis la certitude que m’approcher pourrait m’aider à prendre du plaisir dans le rapport physique mais aussi dans ce que je pourrais donner à voir ; une manière d’exalter les matières.
Par ailleurs, je décidais de travailler en milieu naturel allant à la rencontre des animaux là où ils se trouvaient, pensant que le rendu n’en serait que plus réaliste.
Enfin, je résolvais de marquer clairement un schéma de lumière et un traitement de couleur qui offrirait aux images force et onirisme. Tout cela était beau dans ma tête, restait à le mettre en boîte… M’intéressant ensuite aux cochons et aux chevaux, je ressentais les mêmes sentiments, mais le temps de travail était plus long.
Finalement, vint le temps des gallinacés. Ma patience était mise à rude épreuve, mais je poursuivais mon idée au fil des jours. Battements d’ailes, cris, coups de bec, courses et immobilité servirent mes désirs physiques au-delà de mes espérances. Le rapport aux volatiles fut si fort que je me suis juré, plus tard, de leur consacrer une série.