Only Bleeding

« J’aimais certaines de ces photos, mais je savais aussi que je détestais certains de ces lieux, et que j’avais été incapable de donner une image convaincante de ce qui n’allait pas… ».

Robert Adams

« Le personnage s’efface devant la ville, il se retire au fur et à mesure de la fable. Pris entre une lumière intense et un noir profond, il semble, lui, mordoré, avancer dans une succession d’espaces interchangeables dans lesquels ne circulent plus que des ombres. L’espace urbain en suspens se débarrasse des bruits inutiles. Les murs blancs suspendent l’illusion d’un déroulé au présent. L’homme disparaît dans la fusion des murs et du temps confondus. Photographie sans temps forts, sans petites histoires, sans anecdotes et sans fin. Les images n’ont pas besoin de liaison entre elles. Elles se redoublent, se répètent, se superposent. Le récit n’appelle pas les fractures dans une narration fluide qui jamais ne se disperse. Le spectateur peut-être séduit dans un premier temps par la référence américaine, est appelé à faire l’expérience d’une autre gravité, celle d’un monde en déshérence. Il doit faire sienne la démarche du photographe, selon le principe de succession, il arpente la ville sans respect d’un plan préétabli. Il n’obéit pas à la logique de la carte. Défiant à l’égard de toute construction préalable, il se laisse aller au hasard d’une pérégrination. Contre l’ordre secret, il n’y a d’autre voie que le refus du récit organisé et continu. L’arrêt sur image dit la justesse de la lenteur contre la vitesse, de la durée sur l’instant et du silence sur le fracas sonore de la ville… »

François Cheval